Parler du changement climatique en STAPS : retour d’expérience

Je viens de passer deux fois trois heures dans un amphithéâtre avec des étudiants de master en sciences et techniques des activités physique et sportives (STAPS) à parler de changement climatique (merci à leur responsable de parcours, Eric Fruchart, pour l’opportunité) ; au programme : rapport du GIEC, liens entre la pollution de l’air, l’activité physique et le sport ; la question des conditions météorologiques extrêmes et les catastrophes naturelles ; mais aussi les émissions de GES associées au sport et le problème du « green washing » dans le milieu du sport. Mon diaporama est en accès libre ici. Je livre dans cet article un bref retour d’expérience.

C’est la première fois que j’aborde ce sujet dans un amphi de STAPS devant une trentaine d’étudiants. Au début du cours, je leur demande si quelqu’un à déjà entendu parlé du rapport du GIEC. Première surprise ! Une seule main se lève, timidement, sinon rien ! L’un d’eux me dis en avoir vaguement entendu parlé « sur BFM »… Je suis surement bien trop naïf mais je m’attendais à rencontrer des jeunes d’une vingtaine d’années, conscients des problèmes environnementaux, me voilà surpris.

Vous allez me dire qu’il ne faut pas faire de généralités sur un si petit groupe, et vous avez raison, mais pour avoir organisé un symposium au « congrès des chercheurs en STAPS » en novembre dernier sur la question du sport et du changement climatique (voir l’article de blog de Paquito Bernard au sujet de cette initiative), j’ai bien peur qu’effectivement, le monde du sport, les STAPS, soient vraiment largués sur la question environnementale !

Ça me semble fou tant, pour moi, le changement climatique est LE facteur qui va le plus impacter leurs futures carrières. Constatant que « rapport du GIEC » ne faisait pas partie de leur vocabulaire, je décide de « mettre le paquet » en introduction sur le contexte climatique avec l’objectif de les faire réagir : faire monter un peu leur eco-anxiété et en même temps générer de l’optimisme, en leur montrant que nous sommes à une période charnière et que c’est le moment de réinventer le secteur du sport.

A la fin des trois premières heures, je suis simplement dépité !

J’ai le sentiment que les étudiants ne sont pas montés dans le train, n’ont pas compris les enjeux. C’est comme si je venais simplement de leur faire un cours banal, sans impact sur leur trajectoire. Juste en sortant de l’amphi, je me remets en question, j’envoie un message à un ami, qui lui aussi enseigne ces thématiques en STAPS (salut Louis), pour lui faire part de mon incompréhension quant au manque de réactions des étudiants (positives comme négatives). Constat globalement partagé par Louis ; ça ne me remonte pas vraiment le moral.

Je retrouve les étudiants deux jours plus tard pour trois autres heures de cours ; je leur fais part directement de mon étonnement à la suite des trois premières heures et je les questionne sur leurs perceptions des enjeux. Je leur dis ce que pense, clairement, comme je viens de l’écrire dans les paragraphes précédents. Là, les étudiants commencent à s’ouvrir, et je comprends qu’ils partent de tellement loin que mon message nécessite une digestion beaucoup plus longue. C’est pas que ça ne les intéresse pas, c’est que trois heures pour présenter ces enjeux, hors cadre de réflexion personnelle au préalable, c’est beaucoup trop court. Je m’adresse à des étudiants en fin de parcours universitaire à qui ont a jamais parlé de changement climatique, et c’est bien là le problème.

Comme nous l’écrivions il y a quelques années déjà, les STAPS doivent « muscler leur jeux dans la lutte contre le changement climatique » ; il nous faut plus de recherche et plus d’enseignement à l’intersection de ces deux thématiques. Malheureusement, il ne semble pas y avoir beaucoup de mouvement du côté des universitaires. Peut-être qu’un changement, par la base, via les étudiants, est possible : voir par exemple cette initiative portée à la fois par l’ANESTAPS et Pauline Caille, fraîchement recrutée MCF en STAPS à Rennes.

Tout est à faire.

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