“Recycle Health” une plateforme de collecte et redistribution « d’objets connectés » de type podomètres et accéléromètres : et si on discutait du concept de sobriété digitale ?

J’ai récemment découvert ce rapport du ThinkThank (Français) The Shift Project militant, entre autres, pour davantage de « sobriété digitale » ; comprenez, l’utilisation raisonnée et réfléchie de dispositifs électroniques dans tous les secteurs de notre vie (publicité, éducation, et aussi santé).

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La pollution, directe et indirecte, engendrée par les objets numériques (téléphones portables, montres connectées, serveurs, échange de données…) est écœurante quand on en prend conscience : consommation énergétique exponentielle, extraction/consommation de terres rares et autres métaux non, ou peu, recyclables, etc. (voir le rapport mentionné ci-dessus pour les détails).

Le problème est que leur production/utilisation et en constante hausse (+ 60 % par an pour les bracelets connectés et appareils similaires), et, bien que clairement non soutenable, cette hausse ne semble pas ou peu remise en cause.

Travaillant en Californie actuellement, pays du Fitbit ou encore de l’Apple Watch, je constate un engouement bien trop naïf des chercheurs (et autres professionnels) pour ces objets connectés et leur utilisation dans les domaines de l’activité physique ou de la santé digitale plus largement.

Évidemment, leur intérêt scientifique est important, j’en utilise moi-même dans quasiment toutes les études que je développe actuellement pour mesurer l’activité physique et le sommeil. Évidemment, leur utilisation est louable en comparaison à d’autres secteurs comme celui de la publicité qui vous propose des écrans plats dans les moindres recoins de l’espace public pour vous vendre n’importe quoi.

Mais… Même en santé, et encore plus dans le domaine de la recherche, nous devrions réfléchir davantage à l’impact global de l’utilisation de ces outils. Pour commencer, il serait important de se poser quelques questions (par exemple) :

  • Que deviennent ces outils une fois l’étude/programme de recherche terminé(e) ? Ai-je besoin de remplacer systématiquement un accéléromètre par la dernière version commercialisée ? Comment puis-je favoriser leur réutilisation ?
  • Est-ce que l’utilisation de ces outils (dans mon étude), va vraiment engendrer des bénéfices supérieurs à une solution « low tech » ?
  • Ai-je besoin de déployer mon étude, ou tester une intervention utilisant ce type d’appareil, à grande échelle plutôt que de préférer des devis d’études moins couteux en participants et en matériel dans un premier temps (i.e., études pilotes, ou dites « à cas uniques », voir cet article de blog par exemple) ?
  • Si la production et l’utilisation de ces technologies à des effets néfastes sur l’environnement (et donc la santé des individus en retour), dois-je en faire systématiquement la promotion sans prendre en compte les conséquences associées ?

J’avoue ne pas avoir (encore) beaucoup de solutions à proposer pour limiter concrètement l’impact négatif de ces technologies, si ce n’est simplement d’en consommer moins et d’en faire la promotion de façon plus raisonnée dans le domaine de la santé. Néanmoins, en m’intéressant un peu à la question, j’ai découvert récemment une plateforme de collecte et redistribution « d’objets connectés » de type podomètres et accéléromètres : RecycleHealth.

Cette initiative, bien que je ne l’ai pas encore expérimentée, semble intéressante. Son principe est simple, la plateforme (située à Boston, Université de Tufts) recueille des « montres connectées » neuves ou usagées qui ne sont pas, ou plus, utilisées mais en bon état de fonctionnement ; les personnes intéressées pour récupérer ces outils peuvent ensuite envoyer un mail à Lisa Gualtieri, chercheuse à l’Université de Tufts, en justifiant le nombre d’outils souhaités, leur future utilisation, et si vous avez la possibilité de payer les frais liés au transport.

Cette plateforme semble donc être une des solutions au gâchis potentiel générer par les outils connectés dans le domaine de la santé (ne reste plus qu’à créer une version Française).

ATTENTION, cette plateforme permet d’allonger la durée d’utilisation de ces objets, mais ne les recycle pas ; la solution principale reste donc l’adoption des principes de sobriété digitale présentés ici, i.e., consommer moins.

Pour aller plus loin sur cette thématique voir, par exemple, cette vidéo de Jean Marc Jancovici et Philippe Bihouix disponible sur la chaine Thinkerview.

 

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